Les sociétés hypermodernes exacerbent la nécessité de s’affirmer comme individu autonome pour se conformer à l’idéologie de la réalisation de soi-même. Beau paradoxe puisque chacun doit cultiver son identité personnelle en se conformant à l’injonction d’être un sujet responsable de lui-même, de ses actes, de ses désirs, de son existence sociale. Mais que signifie vouloir être soi-même ? Cet ouvrage explore les conditions sociales et psychiques du processus de subjectivation par lequel un individu cherche à advenir comme sujet. Entre sociologie et psychanalyse, l’exploration porte sur les notions d’individu, d’identité, de sujet, adossée à des vignettes cliniques à partir de récits de vie. Il prolonge les réflexions de l’auteur sur une sociologie clinique attachée à comprendre, au plus près du vécu, comment se tissent les relations intimes entre l’être de l’homme et l’être de la société. D’autres livres ont abordé la question. Celui-ci a le mérite d’offrir, avec clarté, un parcours passionnant à travers les diverses approches du sujet (philosophiques, psychologiques et sociologiques). Il dessine les contours d’un être humain unifié, où psychique et social inter- agissent au lieu de s’opposer, où les déterminismes sociaux sont aussi les ingrédients de l’autonomie.
Vincent de Gaulejac, Qui est je ?, Paris, Seuil, 2009